Dakar

Dakar est une ville résolument tournée vers la globalisation et la modernité tout en gardant un fort caractère vernaculaire. Elle est classée par l’UNESCO comme « ville créative » depuis 2014, en raison de son caractère cosmopolite qui entend faire de la culture, de la créativité et de l’innovation des moteurs du développement local. Les collectifs de jeunes actifs au niveau de la ville, et des quartiers populaires de la banlieue tels que Pikine et Guédiawaye, montrent une capacité de façonner et réinventer leur quartier au travers d’une forte « créativité populaire » s’exerçant au niveau culturel, social, économique et citoyen.
Les cultures urbaines
Les premiers groupes de rap sénégalais sont nés à la fin des années 1980 dans les quartiers résidentiels de Dakar, et ce n’est qu’au courant des années 1990 que le hip-hop gagne les quartiers de la banlieue de Dakar, et plus tard le Sénégal tout entier. En revendiquant leur appartenance territoriale à la banlieue, les artistes engagés du rap Galsen contribuent à la redéfinition du rap sénégalais comme porteur d’une fonction de résistance politique et d’engagement contestataire, dont l’objectif est d’exprimer et dénoncer les problèmes de la société sénégalaise, et de représenter une force de proposition et de conscientisation citoyenne provenant de la base.

Africulturban, Pikine
Au-delà de sa force de contestation, le mouvement hip-hop a en évolué vers la mise en place d’une véritable industrie culturelle et créative, ainsi que d’actions associatives dans les quartiers, pour « passer de la parole aux actes ». Au travers des actions menées auprès des jeunes des quartiers populaires, les rappeurs se muent en acteurs associatifs qui allient créativité artistique autour du mouvement hip-hop, formation des jeunes et des jeunes femmes en métiers des cultures urbaines (rap, danse, graffitis, beatmaking, DJ, VJ, photo, vidéo, design…), insertion sociale, critique sociale, conscientisation citoyenne, et réappropriation du quartier. C’est à l’initiative de rappeurs qu’à Pikine et Guédiawaye naissent, dès la première décennie des années 2000, les centres de cultures urbaines tels que Africulturban (Matador), Guédiawaye Hip-Hop (Sarenzo et Fou Malade) et Dalifort Hip-Hop (Fuk N Kuk), qui sont devenus une référence pour les jeunes du mouvement hip-hop de la ville et des autres régions du Sénégal.

G Hip-Hop, Guédiawaye
La création en 2014 de la Maison des Cultures Urbaines dans la ville de Dakar, mise en œuvre avec le soutien de la mairie, ainsi que l’introduction du Fonds de développement des cultures urbaines et des industries culturelles et créatives, attestent de l’importance du lobbying exercé par les acteurs des cultures urbaines, qui a abouti à la reconnaissance de ce secteur de la part du gouvernement. La contestation dans la rue et sur internet, bien que toujours présente à des moments spécifiques, se mue en créativité, participation citoyenne, échange entre les jeunes, formations professionnalisantes (Sénégal Talent Campus, Impact Sénégal) et en promotion d’entreprenariat culturel, pour la création d’entreprises spécialisées dans les cultures urbaines, adaptées aux réalités socioculturelles sénégalaises.
Il y a des mouvements sociaux qui sont passés et qui ont fait un excellent travail, beaucoup de bon boulot. Mais il faut, à un moment donné, que toi-même tu sois le messager. Avec l’âge, l’expérience et le vécu, tu vas être le message toi-même. Mais cette transition, beaucoup de gens n’arrivent pas à la gérer, parce que les gens, ils crient, ils attaquent, ils font tout ça, mais après qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qu’ils ont réalisé qu’on peut toucher comme ça? J’ai dit que tout ça c’est bien, mais il faut aller au-delà. (…) Comme ça, tout ça va être une garantie pour l’emploi des jeunes. Parce que n’importe quel gouvernement au monde, que ce soit en Suisse, France, Sénégal, le plus important c’est la formation, l’emploi et l’insertion des jeunes. Point. Tout le reste, c’est de l’habillage juste.
A.F.B.

La Maison des cultures urbaines, Ouakam
Les femmes et les cultures urbaines
Les femmes du milieu hip-hop, bien qu’elles se soient confrontées à beaucoup d’obstacles provenant autant des réalités socioculturelles sénégalaises que d’une partie des hommes qui évoluent dans le milieu, ont su gagner leur place au fil des années en alliant expression artistique, activisme, mise en réseau entre artistes et activistes, et entraide professionnelle. A l’initiative de femmes artistes et activistes qui évoluent dans l’association Africulturban à Pikine, et avec le soutien d’hommes de l’association, est mise en place en 2012 la première édition de Urban Women Week (les éditions se sont poursuivies chaque année jusqu’à 2020). Ce projet a eu comme objectif général de s’interroger sur la pratique du hip-hop comme valorisation des identités minoritaires et comme vecteur de dépassement des rapports de domination hommes-femmes dans l’espace public. Le propos était aussi de faire mieux connaître les femmes au sein du mouvement hip-hop en donnant une plus grande visibilité à leur expression artistique dans l’espace public. Cette semaine d’activité consacrée aux femmes dans les cultures urbaines a eu lieu dans plusieurs lieux de la ville et de la banlieue, et a mis le focus sur les performances artistiques des femmes, les ateliers de formation et les conférences.

Genji Hip Hop, Dakar
C’est dans le cadre de ces activités que des femmes du milieu hip-hop s’organisent d’abord en un groupe WhatsApp, et ensuite en association, pour mieux se connaître et échanger autour des expériences respectives. En 2017, nait l’association Genji Hip Hop. Elle représente un réseau d’échange et d’entraide entre femmes artistes et activistes, se retrouvant autour de combats communs ou personnels pour promouvoir non seulement le rôle des femmes dans le hip-hop, mais aussi la parité hommes-femmes dans la société sénégalaise. Les femmes de Genji Hip Hop allient engagement collectif citoyen pour les droits des femmes (par exemple contre les violences faites aux femmes, pour la représentativité de femmes dans la gouvernance, le code de la famille et l’autorité parentale des mères), et poursuite d’une carrière individuelle en tant qu’artistes, activistes, journalistes, managers culturelles, fondatrices de nouvelles associations, et entrepreneures. Comme elles le soulignent, bien que leur exemple ait motivé d’autres jeunes femmes du mouvement hip-hop à s’exprimer par leur art et à prendre la parole dans l’espace public, et que les actions menées avec d’autres organisations de femmes aient contribué à des évolutions législatives importantes (loi criminalisant le viol et la pédophilie), les combats à mener sont encore importants pour parvenir à la parité. Les femmes artistes ont d’ailleurs encore des difficultés pour faire accepter leur carrière aux yeux de la famille et de la société, d’autant plus lorsqu’elles souhaitent concilier vie familiale et carrière artistique.
Nous sommes des Sénégalaises à part entière, nous avons le droit de contribuer à l’évolution du Sénégal. Peu importe le milieu où nous sommes, on va s’imposer, parler pour nous. (…) On ne cherche pas à se différencier des hommes, ce qu’on veut c’est qu’on nous respecte et qu’on respecte notre travail, qu’on nous considère comme on considère les hommes, cette égalité-là. (…) Quand elles se marient, on ne voit plus ces femmes, ce sont d’autres qui arrivent. Genji est là pour dire, c’est un métier. Moi, je suis mariée, mais je continue à faire du hip-hop.
Genji Hip Hop
Rencontre avec Genji Hip Hop
L’influence du mouvement Y en a Marre
Le mouvement Y en Marre a fortement contribué à diffuser une conscience citoyenne auprès de la jeunesse sénégalaise. Il a émergé dans un contexte de forte déception de la jeunesse face aux promesses de changement de l’ancien président Wade, qui avait été élu en 2000 grâce au soutien massif des jeunes, en inaugurant la première alternance après 40 ans de régime socialiste. Le mouvement est né de manière spontanée le 16 janvier 2011 après une réunion à Parcelles Assainies, un quartier de Dakar, entre des amis rappeurs et journalistes, dont Fadel Barro, Aliou Sané, Thiat et Kilifeu du groupe de rap Keur Gui et Denise Safiatou Sow. Excédés par les frustrations grandissantes de la jeunesse et de la population face aux dérives démocratiques, par 20 heures de coupure d’électricité, et par le constat d’échec cuisant du régime et de son incapacité « à sortir le pays du sous-développement », la même nuit ils rédigent une déclaration appelant toutes les forces vives de la population et de la jeunesse à venir les rejoindre pour créer ensemble « un sursaut salutaire devant bouleverser la classe politique ».


Siège de Y en a Marre, Parcelles Assainies, Dakar
Après son lancement, Y en a Marre s’est appuyé sur la large représentation du mouvement hip-hop pour tisser son maillage à Dakar et dans les autres régions sénégalaises, entre autres au travers de la production musicale rap, de concerts pédagogiques et d’évènements de Urban Guerrilla Poetry, avec des rappeurs déclamant dans les bus et dans les marchés des couplets préparés au préalable, et distribuant des flyers pour faire connaître le mouvement à la population. Les moyens du hip-hop ont permis au collectif de toucher un public de plus en plus important, et d’acquérir un large succès qui s’est élargi à tout le Sénégal, à d’autres pays africains, ainsi qu’au niveau international. Ce collectif a conduit le mouvement hip-hop à un autre niveau, celui de la participation active au débat politique.


Siège de Y en a Marre, Parcelles Assainies, Dakar
Si Y en a Marre est certes envisagé sous l’angle de ses activités contestatrices, il se positionne surtout en tant qu’opérateur de changement social. Il mise fortement son action sur la conscientisation politique et citoyenne de la jeunesse et sur le changement de mentalité des Sénégalais, pour qu’ils soient capables de conduire les élites au pouvoir à prendre en compte les préoccupations de tous les Sénégalais. Pour ce faire, le mouvement s’appuie sur un slogan, le Nouveau type de Sénégalais (NTS), signifiant l’expression d’une nouvelle citoyenneté capable de contribuer durablement au développement du pays en comptant sur les forces vives de la nation. Pour accompagner l’implication des populations dans le développement du Sénégal, Y en a Marre mise sur son ancrage local, en déployant, à partir de son siège dakarois, nombreuses cellules locales ou ‘Esprits Y en a Marre’ sur le territoire sénégalais, ainsi qu’à l’international, via la diaspora et d’autres organisations de la société civile.
Y en Marre: Parcours d’un mouvement, par Denise Safiatou Sow, cofondatrice
Rencontre avec Thiat, cofondateur de Y en a Marre
A travers ses différents chantiers et initiatives citoyennes Y en a Marre a insufflé auprès des jeunes une véritable dynamique d’engagement citoyen. L’engagement des membres de Y en Marre en faveur du changement social s’est exercé aussi au travers du prisme des associations des cultures urbaines mises en place par des membres du mouvement. Ainsi, les initiateurs d’associations telles que Guédiawaye Hip-Hop et Dalifort Hip-Hop, tout en possédant des dynamiques et des histoires propres, font partie du mouvement. Y en a Marre, qui opère actuellement de manière capillaire sur le terrain en faisant dialoguer élus et populations – en se plaçant, pour l’instant, derrière les coulisses de la médiatisation et de l’espace public –, a ainsi représenté une locomotive pour la jeunesse sénégalaise et pour les collectifs de jeunes qui s’expriment aussi à travers d’autres domaines culturels que le hip-hop et les cultures urbaines.
Même s’il y a eu des mouvements antécédents, l’engagement de Y en a Marre était inédit dans l’histoire du Sénégal. Jamais on n’avait vu des jeunes rappeurs s’engager autant dans les rues, à travers la culture, pour le changement. Je pense que ça a fait prendre conscience à tous ces mouvements-là, qu’en tant que jeunes, en tant qu’artistes, nous devons porter notre regard, nous devons utiliser notre voix pour faire entendre la voix des communautés, la voix de ceux qui n’ont pas de voix, la voix des sans-voix comme on le dit entre guillemets. Et je pense que oui, effectivement, ça a été une impulsion de la conscience.
S.K.
Relations entre culture, art, État et société

Soumbédioune, Dakar
Léopold Sédar Senghor, le président-poète socialiste qui est resté 40 ans au pouvoir après l’indépendance, a su assoir la réputation du Sénégal comme pays de culture. Défenseur de la négritude, pour Senghor la culture doit promouvoir la philosophie dialectique de « l’enracinement et de l’ouverture » : enracinement dans les valeurs de la civilisation négro-africaine et ouverture aux autres civilisations. La priorité accordée à la culture s’est concrétisée sous Senghor dans un ensemble d’institutions culturelles, d’évènements et de structures de formation à l’élite artistique (Théâtre national Daniel Sorano, Festival mondial des arts nègres, École de Dakar…), et dans le mécénat d’État. Bien qu’il ait installé des centres culturels dans les capitales régionales, c’est à Dakar qu’était concentré l’essentiel de l’action culturelle promue par l’État. Une action culturelle plutôt élitiste – aux yeux d’auteurs tels que Duquet, Ndour et Sow, ou Djigo, – et qui, dans sa quête d’universel, de panafricanisme et d’une vision nationale unificatrice, était peu attentive aux diversités culturelles et identitaires du pays. Ceci étant posé, l’influence de Senghor a été déterminante et a marqué durablement les esprits. La culture a joué un rôle central dans la transition vers l’indépendance et la construction nationale du Sénégal, en se situant, selon les termes de Senghor, « au début et la fin de tout développement».

Musée des civilisations noires, Dakar
Après Senghor, les programmes d’ajustement structurel dictés par les bailleurs de fonds internationaux laminent fortement le rôle de l’État en tant qu’architecte social et frappement durement le secteur culturel. S’ensuit, sous l’ère du président Abdou Diouf, une réduction drastique des moyens d’encadrement et de promotion étatique de l’action culturelle, et un net recul du mécénat. Le retrait de l’État permet à partir des années 1980 l’affirmation d’une contre-culture visant l’opposition entre savoirs experts et populaires. C’est l’émergence de nouvelles formes d’expressions artistiques et citoyennes, parmi lesquelles figurent les mouvements de jeunes tels que set-setal, bul-faale et hip-hop. Les acteurs culturels et les artistes sont obligés de se prendre en charge et sont conduits à innover et à investir l’espace libéré par l’État. On assiste ainsi dans ces années à une floraison d’initiatives individuelles et collectives, d’associations et d’évènements culturels, qui permettent d’assurer, par le bas, la vitalité et le dynamisme du secteur de la culture.
Dans les années 1990, l’État accompagne cette redynamisation culturelle par un début décentralisation de l’action culturelle, la création d’une Charte culturelle nationale, une nouvelle série d’actions étatiques dont la Maison de la culture Douta Seck, le Festival national des arts et cultures, l’École nationale des arts, ainsi que l’organisation d’un grand colloque national dans le but de recentrer les acteurs de la culture autour d’une vision commune. L’État lance également une manifestation culturelle phare, à savoir la Biennale des arts et des lettres de Dakar, qui deviendra, à partir de 1996, la Biennale de l’art africain contemporain (ou Dak’Art), un rendez-vous devenu incontournable au niveau national et international. Avec l’alternance, dans les années 2000-2010, le président Abdoulaye Wade déclare vouloir renouer avec l’héritage senghorien en augmentant le budget alloué à la culture, et initie la construction de grands chantiers culturels dont le (débattu) monument de la Renaissance africaine, dans une orchestration de ses idées de libéralisme, panafricanisme, relecture de la mémoire coloniale et culte de sa personnalité.


Le Monument de la Renaissance Africaine, Ouakam
A partir de années 2000, et avec l’avènement du président de Macky Sall en 2012, on assiste à une privatisation de plus en plus importante du secteur de la culture et à l’émergence massive d’acteurs non-étatiques, mais aussi à des demandes plus pressantes de décentralisation de l’action culturelle sur tout le territoire national. Les revendications des acteurs culturels expriment des besoins de soutien et d’encadrement plus importants de la part de l’État, aussi au niveau des autres régions du pays, que les divers ministres de la culture qui se sont succédé ont eu des difficultés à combler. Bien que des avancées aient été introduites par le gouvernement de Macky Sall en 2024 avec la reconnaissance du statut de l’artiste et des professionnels de la culture, nombreux sont les acteurs du monde de la culture qui exhortent à la définition d’une véritable politique culturelle nationale qui soit en phase avec les réalités socioculturelles du pays, et avec les processus de globalisation du monde de l’art. Or, si les politiques culturelles ont joué un rôle crucial après l’indépendance – la culture étant considérée comme l’un des bastions principaux de la construction nationale – elles sont depuis deux décennies fortement dépendantes de l’extérieur, en d’autres termes des injonctions internationales. Ces dernières promeuvent une vision de la culture en tant que pilier du développement durable en ce centrant sur son potentiel économique et de création d’emplois. Une série de soutiens internationaux incitent le Sénégal, tout comme les autres pays africains, à intégrer les politiques culturelles dans les stratégies de développement durable, et à promouvoir plus en particulier le secteur des industries culturelles et créatives, en focalisant sur le potentiel économique et marchand de la culture et de la créativité artistique.
Depuis deux décennies, une série de lettres de politiques sectorielles et multisectorielles étatiques concernant le domaine de la culture font état d’une articulation grandissant entre culture, art, développement durable, économie et création d’emplois pour les jeunes. En accord avec les visions de l’UNESCO, d’instances internationales, d’organisations interétatiques, et des partenaires financiers de la coopération, l’accent est posé d’une part sur la promotion de la diversité culturelle, et d’autre part sur le développement du secteur des industries culturelles et créatives (ICC). Les ICC regroupent un ensemble de secteurs tels que l’audiovisuel, les arts de la scène, le cinéma, la mode, l’industrie numérique, l’édition, l’architecture, la gastronomie, le design, le graphisme, et d’autres encore. Elles se situent à l’intersection des arts, de la culture, des affaires et de la technologie et ont comme objet principal la création, le développement, la production, la reproduction, la promotion, la diffusion et la commercialisation des biens, des services et des activités qui ont un contenu culturel, artistique et patrimonial. L’État sénégalais soutien la culture et les industries culturelles et créatives à travers divers fonds, parmi les quels le Fonds d’aide à l’édition, le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica), le Fonds de l’action culturelle et sociale, et le Fonds de développement des cultures urbaines, auquel on a rajouté par la suite ‘et des industries créatives’ (FDCUIC), en accord avec les nouvelles tendances en matière de politiques culturelles.

Maison des cultures urbaines
Malgré l’existence de ces aides, selon des observateurs et des acteurs culturels consultés, les politiques culturelles sénégalaises demeurent trop fragmentées et manquent d’une vision claire et cohérente. Dès lors, nombre d’acteurs culturels et d’artistes appellent à un débat public qui comprenne aussi leur participation pour la définition commune d’une politique culturelle nationale. Ces exigences de redéfinition de la place de la culture dans le projet sociétal se sont faites encore plus pressantes suite aux remaniements ministériels qui ont eu lieu avec l’avènement du président Diomaye Faye en avril 2024. Le nouveau gouvernement, en voulant réduire le nombre des ministères, a regroupé dans un même ministère la jeunesse, le sport et la culture, avec la création d’un Secrétariat d’État à la culture. Cette décision de ne pas dédier un ministère seulement à la culture (et de la placer en troisième position après le sport et la jeunesse) a soulevé des nombreuses interrogations parmi les acteurs du monde de la culture et des arts, notamment sur l’orientation des politiques culturelles du pays et sur la place accordée à la culture et à l’art dans le projet de souveraineté nationale affiché par le nouveau gouvernement.
La société civile de la culture doit s’organiser pour influer davantage sur les politiques publiques et culturelles. Il ne faut pas juste être attentiste, attendre que les choses arrivent. Ça aussi ça fait partie du combat. Le combat ce n’est pas seulement être dans la rue, c’est de s’emparer des questions publiques et politiques, faire toujours des publications, donner nos avis dans les journaux, expliquer la position des gens de la culture, participer au débat public.
A.F.B

Pour des assises de la culture au Sénégal
Collectifs artistiques et culturels dans la ville